Date :
18 / 11 / 2014
Lieu :
Université Paul-Valéry Montpellier
Dans le cadre de l’intervention de Franck Lavigne et Julie Morin, les
étudiants de M2 ont eu l’opportunité de se conditionner à la gestion de crise
par l’intermédiaire d’un exercice d’immersion.
Deux groupes se
sont formés, correspondant à deux cellules de crise, concurrentes pour
l’occasion. Le premier groupe a occupé la salle C106, tandis que le deuxième
groupe a réquisitionné (sans négociation possible) le bureau de F.Leone,
F.Vinet et N.Meschinet de Richemond.
Le scénario de crise s’apparentait à
l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökul
en 2010. Dans le cas de l'exercice, c’était le Vésuve qui rentrait en éruption
avec des répercussions sur l’Europe de l’Ouest et donc la France. L’objectif de
la mission fut de proposer différentes mesures de gestion de crise en vue d’éviter
tout engrenage catastrophique.
Le caractère réaliste et immersif de l’exercice réside dans l’enchaînement de situations tirées du réel. En effet, la crise a suivi un effet crescendo : un scenario éruptif classique, suivi de conditions météorologiques favorisant le déplacement du nuage de cendres sur l’arc méditerranéen, et à terme, sur toute la partie Sud de la France.
La cellule de crise de la salle C106 en pleine concertation |
- des informations médiatiques (sous forme de dépêches) pour certaines véridiques, mais pour d’autres, complètement erronées voire contradictoires
- un débat médiatisé entre scientifiques sur la toxicité des cendres (à l’image de la crise de la Soufrière de Guadeloupe en 1976)
- des déclarations surréalistes faisant le lien entre cette éruption et la fin du Monde
- le crash d’un avion-cargo d’Air Algérie au large de la Corse
- la saturation des réseaux routiers du sud de la France
Afin de
faire face à ces facteurs aggravants et de prévoir l’évolution de l’éruption,
les étudiants avaient la possibilité de contacter des acteurs de la gestion de
crise tels que la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), METEO France,
l’Institut de Physique du Globe de Paris, les Agences Régionales de Santé, les
entreprises de transport (SNCF, réseau de bus), les Préfectures, etc. Dans l'idée de solliciter les capacités de synthèse des deux groupes, les cellules de
crises devaient faire un point de situation en 5 minutes au Préfet des Bouches-du-Rhône qui revenait de vacances et donc peu au courant de la situation. Un
deuxième point, plus global, devait se faire en présence du Premier Ministre. F.Lavigne et J.Morin jouaient le rôle de tous ces intervenants de
manière plutôt réaliste (imitation des accents, méconnaissance de certains
organismes, pression et ton particulier des hautes personnalités).
Point de situation de la cellule de crise occupant le bureau des professeurs |
Les cellules de crises ont avancé
plusieurs préconisations dont les plus significatives sont les suivantes :
- dans le domaine des transports, la fermeture de l’espace aérien français, le renforcement des lignes ferroviaires et l'ouverture des autoroutes pour faciliter le trafic de retour de vacances
- dans le domaine sanitaire, le renforcement des stocks de masques spéciaux dans le marché de la distribution, le recensement des cas de complications respiratoires, l'interdiction des activités en plein air pour les personnes fragiles
- en ce qui concerne l'information médiatique, une allocution officielle du Président de la République pour rassurer la population, l'intervention des différents responsables religieux afin de démentir les prévisions apocalyptiques
Au final,
cet exercice inédit pour la plupart des étudiants a permis de se rendre compte
des difficultés et des particularités inhérentes à la gestion de crise. Le rôle
éminent des médias (aspects positifs mais aussi désinformation), l’afflux
d’informations venant de toute part, les impératifs économiques et financiers,
les réactions aléatoires des populations, sont autant de paramètres qui
viennent complexifier la gestion de crise originelle. Le maître mot dans les
crises volcaniques est l’incertitude sur l’évolution de la situation, et les
étudiants ont été confrontés à cette réalité durant tout l’exercice. En
complément du cours théorique de la matinée, cette simulation a été très
appréciée par les étudiants et il est évident qu’elle mériterait d’être
reconduite pour les promotions à venir.
Bien que
l’exercice ait duré tout l’après-midi, le temps semble s’être accéléré en
conditions d’immersion et si l’on devait en retenir une chose, ce serait la
formule connue de tous les gestionnaires du risque, à savoir qu’en en temps
de crise, l’espace se dilate et le temps se contracte…
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