mardi 9 décembre 2014

Exercice de gestion de crise en conditions (presque) réelles

Date : 18 / 11 / 2014
Lieu : Université Paul-Valéry Montpellier


Dans le cadre de l’intervention de Franck Lavigne et Julie Morin, les étudiants de M2 ont eu l’opportunité de se conditionner à la gestion de crise par l’intermédiaire d’un exercice d’immersion.
Deux groupes se sont formés, correspondant à deux cellules de crise, concurrentes pour l’occasion. Le premier groupe a occupé la salle C106, tandis que le deuxième groupe a réquisitionné (sans négociation possible) le bureau de F.Leone, F.Vinet et N.Meschinet de Richemond.

Le scénario de crise s’apparentait à l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökul en 2010. Dans le cas de l'exercice, c’était le Vésuve qui rentrait en éruption avec des répercussions sur l’Europe de l’Ouest et donc la France. L’objectif de la mission fut de proposer différentes mesures de gestion de crise en vue d’éviter tout engrenage catastrophique.

    Le caractère réaliste et immersif de l’exercice réside dans l’enchaînement de situations tirées du réel. En effet, la crise a suivi un effet crescendo : un scenario éruptif classique, suivi de conditions météorologiques favorisant le déplacement du nuage de cendres sur l’arc méditerranéen, et à terme, sur toute la partie Sud de la France.

La cellule de crise de la salle C106 en pleine concertation



Plusieurs évènements ont perturbé la gestion de crise :
  •  des informations médiatiques (sous forme de dépêches) pour certaines véridiques,  mais pour  d’autres, complètement erronées voire contradictoires
  •  un débat médiatisé entre scientifiques sur la toxicité des cendres (à l’image de la  crise de la Soufrière de Guadeloupe en 1976)
  •  des déclarations surréalistes faisant le lien entre cette éruption et la fin du Monde
  •  le crash d’un avion-cargo d’Air Algérie au large de la Corse
  •  la saturation des réseaux routiers du sud de la France


   Afin de faire face à ces facteurs aggravants et de prévoir l’évolution de l’éruption, les étudiants avaient la possibilité de contacter des acteurs de la gestion de crise tels que la Direction Générale de l’Aviation Civile (DGAC), METEO France, l’Institut de Physique du Globe de Paris, les Agences Régionales de Santé, les entreprises de transport (SNCF, réseau de bus), les Préfectures, etc. Dans l'idée de solliciter les capacités de synthèse des deux groupes, les cellules de crises devaient faire un point de situation en 5 minutes au Préfet des Bouches-du-Rhône qui revenait de vacances et donc peu au courant de la situation. Un deuxième point, plus global, devait se faire en présence du Premier Ministre. F.Lavigne et J.Morin jouaient le rôle de tous ces intervenants de manière plutôt réaliste (imitation des accents, méconnaissance de certains organismes, pression et ton particulier des hautes personnalités).

Point de situation de la cellule de crise occupant le bureau des professeurs


Les cellules de crises ont avancé plusieurs préconisations dont les plus significatives sont les suivantes :
  •  dans le domaine des transports, la fermeture de l’espace aérien français, le renforcement des lignes ferroviaires et l'ouverture des autoroutes pour faciliter le  trafic de retour de vacances
  • dans le domaine sanitaire, le renforcement des stocks de masques spéciaux dans le marché de la distribution, le recensement des cas de complications respiratoires, l'interdiction des activités en plein air pour les personnes fragiles
  •  en ce qui concerne l'information médiatique, une allocution officielle du Président  de la République pour rassurer la population, l'intervention des différents  responsables religieux afin de démentir les prévisions apocalyptiques


     Au final, cet exercice inédit pour la plupart des étudiants a permis de se rendre compte des difficultés et des particularités inhérentes à la gestion de crise. Le rôle éminent des médias (aspects positifs mais aussi désinformation), l’afflux d’informations venant de toute part, les impératifs économiques et financiers, les réactions aléatoires des populations, sont autant de paramètres qui viennent complexifier la gestion de crise originelle. Le maître mot dans les crises volcaniques est l’incertitude sur l’évolution de la situation, et les étudiants ont été confrontés à cette réalité durant tout l’exercice. En complément du cours théorique de la matinée, cette simulation a été très appréciée par les étudiants et il est évident qu’elle mériterait d’être reconduite pour les promotions à venir.

     Bien que l’exercice ait duré tout l’après-midi, le temps semble s’être accéléré en conditions d’immersion et si l’on devait en retenir une chose, ce serait la formule connue de tous les gestionnaires du risque, à savoir qu’en en temps de crise, l’espace se dilate et le temps se contracte…





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